L’open innovation en Chine

Longtemps considérée comme « l’usine du monde », la Chine ambitionne maintenant de devenir le « laboratoire du monde », où naissent les technologies de demain. Soutenues par des programmes gouvernementaux d’envergure, les démarches d’open innovation se multiplient comme en témoigne la densité d’incubateurs et de structures de soutien à Beijing (Pékin), à Shanghai et à Guangzhou (Canton). Cette stratégie est cependant relativement récente. Selon le magazine Forbes, moins de la moitié des entreprises chinoises classées dans les 150 plus grandes entreprises du monde, citaient des initiatives d’open innovation dans leur rapport annuel entre 2009 et 2013, à l’exception de Lenovo et Haier. Focus sur quelques modèles d’open innovation en Chine…

L’open innovation à partir de start-ups

En 2010, Lenovo crée son premier fonds d’investissement, LeFund, disposant de 100 millions de dollars. Selon son site internet, 56 start-ups font partie du portefeuille de LeFund, dont iDreamsky, plateforme chinoise de jeux vidéo maintenant cotée en bourse, Face++, start-up israélienne spécialisée dans la reconnaissance faciale, et la start-up américaine Nok Nok dans la biométrie. Forte de ce succès, Lenovo continue avec un deuxième fonds de 500 millions de dollars en 2016 visant les domaines du cloud computing, du big data, de l’intelligence artificielle, la robotique et les services associés à Internet. En parallèle, les start-ups, non supportées par ces fonds, peuvent utiliser la plateforme de collaboration de Lenovo qui met à disposition des ressources logicielles et matérielles pour encourager les collaborations. Trois produits ont été mis sur le marché en 2014 à la suite de co-développement : des lunettes (new glass), un purificateur d’air (new air), et un router wifi (newifi).

L’open innovation à partir des utilisateurs

Le fabricant d’objets connectés Xiaomi a choisi de développer le concept de la « boîte à idées » basée sur les suggestions de sa fidèle communauté d’utilisateurs, les « Mi Fans ». Cette communauté est née à partir des premiers clients de l’interface MIUI développée pour les smartphones, avant même le lancement du premier smartphone de la marque. De nouvelles versions de MIUI intégrant les suggestions des clients sont sorties à date et heure fixe toutes les semaines jusqu’au lancement du premier smartphone de Xiaomi. Cette stratégie a permis à l’entreprise de se constituer une image en créant un effet d’attente ainsi qu’une base de clientèle de 300000 personnes. Autre exemple en Inde : les Mi Fans ont listé les options de choix des menus vocaux sur le forum dédié de Xiaomi. L’entreprise a utilisé cette liste pour créer un menu de navigation permettant aux utilisateurs indiens de naviguer dans le menu des options proposées directement depuis l’interface MIUI permettant de réduire le temps d’attente. La communauté grandissante des Mi Fans constitue une source d’idées qu’utilise la marque pour répondre au plus près à l’attente de ses clients. En 2016, cette communauté atteignait 190 millions d’utilisateurs.

L’open innovation à partir d’un écosystème

Partant d’un concept plus large encore que la communauté des utilisateurs, le géant de l’électroménager Haier a créé un portail d’échanges de technologie et d’innovation. La plateforme HOPE (Haier Open Innovation Ecosystem) met en relation des entreprises et centres de recherche spécialisés dans les domaines d’intérêt de Haier. Les utilisateurs de la plateforme peuvent poster ou répondre à un problème technique ou technologique rencontré dans le cadre de leurs activités, en vue d’un développement de solution en collaboration. Exemple en 2013 : suite à un commentaire détecté dans un microblog, l’équipe de R&D de Haier a posté un sujet sur les moyens de conservation permettant de conserver des épinards frais pendant 7 jours. Cinq fournisseurs techniques, parfois de domaines rencontrant des problématiques connexes, ont proposé des solutions au sujet. Deux d’entre eux ont ensuite été sélectionnés pour développer une solution en collaboration avec le service de R&D de Haier. Ce processus d’un an a abouti à un nouveau modèle de réfrigérateur.

L’implication des grands groupes français

Les entreprises françaises implantées en Chine mettent également en place des démarches d’open innovation. En 2010, le groupe Air Liquide a signé un accord de coopération avec l’Université du Zhejiang, l’une des meilleures universités du pays, pour la création d’un laboratoire conjoint portant sur le développement de nouvelles solutions de combustion. Michelin a investi en 2015 dans la start-up de co-voiturage Luli dans le cadre de son programme d’incubation. Sur le volet digital, Axa Lab dispose d’une implantation à Shanghai depuis 2016 pour détecter les tendances émergentes pour le groupe et ses clients. Plus de 500 start-ups ont été rencontrées en l’espace d’un an, aboutissant à la signature de quelques partenariats.

Depuis fin 2018, Erdyn développe un réseau en innovation et en open innovation en Chine. Si vous avez besoin d’accompagnement pour identifier des entreprises ou des start-ups innovantes, contactez-nous.

2019-05-29T14:35:20+02:00jeudi 7 février 2019|Non classifié(e)|

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