Les sciences humaines et sociales (SHS) jouent un rôle crucial dans la compréhension des besoins sociétaux et méritent une place importante au sein de l’écosystème de recherche et d’innovation.
Depuis plusieurs années, nous assistons à une évolution favorable en matière d’intégration des SHS aux dynamiques d’innovation hors de leurs champs historiques (santé, politiques sociales…). Par exemple, nous avons pu voir reprendre en France en octobre 2021, par le laboratoire commun DESTIN (MSHS de Poitiers et agence coopérative en innovation sociale ScopEllyx), l’échelle SRL (social readiness level), grandement inspirée de l’échelle TRL créée par la NASA (technologie readiness level). L’échelle SRL mesure la maturité d’une innovation, allant de la recherche fondamentale/concept jusqu’au pilote et était déjà utilisée par l’agence d’innovation danoise. A la différence de l’échelle TRL, la Social Readiness Level prend en compte la différence de cadre de recherche. En effet, certaines étapes dans la définition d’un projet de recherche sociale telles que le prototypage ou encore l’expérimentation, ne peuvent se dérouler en laboratoire et doivent être opéré en milieu réel (cf niveaux 5 et 7 de l’échelle SRL)
Représentations de l’échelle SRL et de l’échelle TRL
Cette approche de l’innovation en SHS présente des spécificités. En effet elle souligne la nécessité de rendre significatif le changement apporté en analysant les besoins sociétaux ainsi que le degré d’acceptabilité de l’innovation proposée.
Toutefois, la dimension sociétale est, de notre point de vue, trop souvent insuffisamment prise en compte dans les critères de financement d’un projet innovant. Par ailleurs, sur certains projets, mobilisées tardivement, les SHS se retrouvent régulièrement cantonnées à des tâches ajoutées sur l’éthique, l’acceptabilité, le modèle économique… sans avoir été associées dès le début de la définition du projet.
Afin de développer une recherche davantage holistique et des dynamiques d’innovation couronnées de succès, une interdisciplinarité large de la recherche mérite d’être renforcée. Outre leur rôle de relais dans la valorisation de la recherche en sciences humaines et sociales, les SATT, notamment, peuvent faciliter et encourager ce souhaitable établissement de partenariats entre les chercheurs en STI (sciences et techniques de l’ingénieur) et sciences du vivant avec leurs homologues en sciences humaines et sociales dans le cadre des processus de maturation. Par ailleurs, certaines ont développées depuis plusieurs années des approches adaptées aux laboratoire de SHS, comme la SATT AxLR qui dès 2014 demandait à Erdyn d’élaborer et tester une méthodologie d’audit innovation des laboratoires académiques pouvant être appliquées dans ces champs disciplinaires.
Si les SHS ont un chemin différent vers l’innovation, des démarches adaptées de protection de la PI et qu’elles visent parfois des types de valorisations différents (auprès de collectivités territoriales, d’associations… parfois sans contrepartie monétaire ou alors symbolique), elles n’en demeurent pas moins elles aussi des gisements importants de transformation de la société et de l’économie, soit en participant à de vrais projets interdisciplinaires, soit à travers leurs champs d’études propres. Dans un pays, la France, où les services représentaient plus de 79% de la création de valeur ajoutée en 2022 selon l’INSEE (presque 72% de ce total est constitué de services marchands), elles ont tout leur rôle à jouer dans les dynamiques d’innovation, y compris vers le secteur marchand !
Le sujet vous intéresse ? Ne manquez pas notre prochain article sur les pratiques de transfert et de valorisation dans les SHS !